Nice by UTMB 100M- Récit de course, de la montagne à la mer

Départ du Nice By UTMB 100M d’Auron

J’avais à cœur de participer à cette course, sur mes terres, et aussi par ce qu’elle représente, partir de la montagne et arriver à la mer. Tout un symbole. Ayant chopé un virus la semaine avant la course et seulement 3 semaines après l’Ultra trail du Vercors, j’avais un gros point d’interrogation sur mon état de forme. Pourtant au départ, à la station d’Auron dans le Mercantour, la pression est redescendue. Le calme des montagnes environnantes et la fraîcheur de l’altitude me fait me sentir bien, et l’envie est là. Je croise Yan, un pote du TTP qui court aussi le 100M, avec qui on échange quelques mots. J’apperçois quelques visages connus, et je me place sur la ligne de départ avec beaucoup d’envie. Le départ est donné à 12h10, retardé de 10 minutes car les pompiers enlèvent un nid d’abeille sur les premiers kilometres du parcours!

Départ du Nice by UTMB 100M

Je connais en partie la première portion de la course jusqu’au refuge de Rabuons. Difficile, mais magnifique avec ses 30km et 2500m de D+. Je ne pars pas trop vite, mais dès la première montée après le premier ravito de Saint Étienne de Tinée ( ou ma copine Sarah me fait la surprise d’être là!) je sens que je manque de puissance et que que le cardio monte vite. Je reste alors en gestion en faisant bien attention à ne pas forcer et rester dans ma limite de cardio. On a une vue magnifique sur les montagnes quand on passe sur le chemin de l’énergie et au refuge de Rabuons. On a aussi de la chance avec la météo qui est magnifique. Une fois passé le ravito du pas de Colle Longue tenu par le Refuge du Dahu ( que je salue au passage, ils sont au top! ) on entame une descente mémorable de 1800m de D-, avec la première partie complètement hors sentier. En y allant cool, je glisse plusieurs fois, je crampe, et dois vraiment me concentrer pour faire attention où passer et ne pas me faire mal. Après un bonne heure de descente engagée, j’arrive enfin à Isola village où je retrouve mon assistance de choc, mes parents, Jeremy Chloé et Sarah, une vrai team à mes côtés ! Que ça fait du bien de les voir tous là. On a fait seulement 37km, et même si les jambes vont bien j’ai déjà laissé pas mal d’énergie et de concentration notamment sur cette folle descente.

Après le refuge de Rabuons
1800m de D- d’un coup, ça calme.
On reprend ses esprits au premier point d’assistance

En repartant du ravito, on se prend un p’tit raidar et là je sens bien qu’il a falloir faire avec des jambes un peu faibles, mais je ne stresse pas, ralenti le rythme quand ça monte fort, préférant garder du jus pour les relances et les descentes. Je suis en mode gestion. Je me fait d’ailleurs rattraper par plusieurs coureurs à ce moment là.

Ça grimpe raide après Isola village

Au Km 45, on se reprend une nouvelle descente taillée hors sentier dans une pente raide, type accrobranche, plus courte mais très joueuse. Décidément le parcours est plus technique que ce que je pensais, et on aura comme ça plusieurs surprises jusqu’à la fin! Mais en descente je suis à l’aise et je sens que mes jambes encaissent bien, j’en profite et je prend confiance. 

On rentre alors petit à petit dans la nuit, et la pleine lune est la pour éclairer les montagnes. Je me sens de mieux en mieux au fur et à mesure que la nuit tombe. Après le ravito de Saint-Sauveur au Km 63, je suis dans mon élément, prêt à profiter de cette belle nuit sous les étoiles. Je déroule, et prend du plaisir à courir à la frontale. Je suis content de retrouver mon équipe d’assistance à Valdeblore au kilomètre 74 à 23h, car je sais ensuite que je vais passer 5 heures tout seul jusqu’à Utelle, en passant par le Caïre Gros à 2000m d’altitude, les granges de la Brasque et le Brec d’Utelle. Je connais cette portion et elle me plaît bien. J’y suis déjà passé 2 fois de nuit lors de l’UTCAM, et j’avais repéré la descente du Brec cet été avec Sarah. Il fait bon, je reste en t-shirt toute la nuit, je mets du rythme dans les relances et court dès que les pentes le permettent. Encore une fois je vais passer une super nuit et prendre beaucoup de plaisir sur cette partie. Je cours par moment avec le «numéro 10» qui me tracte dans les montées et me tire dans les descentes. Je vois que derrière personne ne revient sur nous, même si certains coureurs ne sont pas loin.

Pret pour affronter la nuit et la pleine lune

Au km 100, après avoir franchi le brec d’Utelle, on aperçoit pour la première fois au loin dans la nuit les lumières de la côte qui scintillent. J’ai de très bonnes jambes et je fais une super descente. Objectif mer ! Je me dis que j’irais au bout sans rien lâcher. Après Utelle, km104 ou je retrouve ma team, je reste avec le Numéro 10 et fais encore une super descente engagée jusqu’à la Vésubie avant de remonter sur Levens. On est en fin de nuit et j’ai encore de très bonnes sensations. J’arrive à Levens à 6h du matin au km 116 en confiance et très content de retrouver ma team une nouvelle fois. Mais cette fois, l’assistance est à l’extérieur et je me refroidi vite, j’ai du mal à manger, avec notamment une soupe qui ne passe pas très bien. On sort de la nuit après le ravito de Levens et je vais avoir un moment compliqué. On a un KV à monter jusqu’au Mont Férion, j’ai recraché tout ce que j’avais mangé au ravito, et je manque alors clairement de force et d’énergie. Le Numéro 10 me lâche et je n’essaye pas de le suivre. Je monte encore une fois à mon rythme, en gestion, sans pression, en restant concentré sur mes sensations. J’arrive à remanger petit à petit. Je vois que personne ne me rattrape, et je me dis qu’à ce stade de la course tout le monde fatigue. Je remets du positif et reprends confiance. Je croise également à ce moment Patrick Bohard qui lui ne se sent vraiment pas bien et abandonne en redescendant à Levens. Après une montée difficile et interminable, je profite quand même d’un magnifique levé de soleil sur les montagnes, ça me remotive et m’aide à remettre encore du positif dans ce moment compliqué. Je me refais ensuite un bon ravito à La Chapelle Saint-Michel juste en dessous du sommet, les bénévoles sont hyper sympa ( big up Benjamin! ), avant d’attaquer la longue descente jusqu’à Tourette-Levens, km 137. Les bénévoles m’annoncent que je suis 12ème et que le numéro 10 est seulement 5 min devant moi. C’est la première fois qu’on m’annonce le classement mais je ne fais pas un focus dessus, et je reste concentré sur ma course et les temps de passage. Je sais que si je continue à bien relancer dans les descentes et sur les parties roulantes je peux tenir mon allure. J’accuse un peu le coup physiquement au ravito de Tourette-Levens, mais j’essaye de ne pas rester trop longtemps et repars dès que le concurrent derrière moi arrive. C’est la dernière partie, il reste alors moins de 40km. Les jambes commencent à être dures, mais le ravito m’a fait du bien, j’ai retrouvé de l’énergie et c’est censée être la partie la plus roulante avec seulement deux petites bosses à passer. Je relance comme je peux, même si la première bosse me paraît difficile à monter. Arrivé à Drap au km 145, il reste alors 20km, 600m de D+ et c’est le dernier point où j’ai droit à l’assistance. Je suis félicité par Mr le Maire de Drap qui est présent sur place pour encourager les coureurs. Le concurrent derrière moi ne m’a pas rattrapé, et je sais alors que je vais finir et arriver au bord de mer. En regardant mon chrono, je réalise que je suis encore à peu près dans les temps que je m’étais fixé, et que j’ai quasiment réussi à les tenir sur chaque portion. Ça me redonne confiance, et encore une fois, si je subit physiquement dans la dernière montée, je relance des que je peux me remettre à courir.

Un dernier stop express au ravito du plateau Saint-Michel. Je connais ensuite la dernière partie qui fait 11km et que j’avais couru l’année dernière sur le 50k. J’attaque cette dernière descente, avec une relance par le Mont-Boron, ou l’on voit au fur et à mesure la ville de Nice qui se rapproche. Ça y est, j’y suis presque! On serpente dans un parcours semi-urbain, on traverse une route par une passerelle, on grimpe quelques dernières marches, et enfin on prend les derniers escaliers raides et étroits qui amènent sur le bord de mer à CoCo Beach. Je longe ensuite le chemin en pierre le long de la côte juste avant d’arriver sur le port de Nice.

Coco Beach
La mer, enfin !

Juste avant de remonter sur la route qui mène au port, je vois un concurrent qui arrive hyper vite derrière moi. Je pense me faire doubler mais je réalise en fait que c’était le premier du 50k. Il était beaucoup trop rapide !

Arrivé sur le port de Nice, il reste àlors 1km et ma montre s’arrête à ce moment là. Elle aura tenue 26h… J’ai l’honneur de me faire escorter par une personne de l’orga en vélo, qui va me guider et me faire un passage entre les touristes jusqu’à la ligne d’arrivée. On remonte le dernier faux plat de Rauba Capeu, on passe sur le cadran solaire et devant « I LOVE NICE » en dessous de la colline du château, et après la petite descente sur la prom’, c’est enfin la dernière ligne droite où m’attend toute mon équipe d’assistance, mes parents, mes amis et ma copine Sarah pour passer avec beaucoup d’émotion sous l’arche d’arrivée, après 165km de course, en 26h18, à la 11ème place, tellement fier de ce résultat !

Quelle course de folie ! C’est toujours un truc hors du commun ces ultras ! Un moment hors du temps.

Niveau classement, j’étais 20ème au premier pointage à St Étienne de Tinée, et je n’ai doublé personne après Saint-Sauveur km65. Ça a juste pété au fur et à mesure devant. Je suis très content de ma gestion de course avec la forme du jour, et très content d’avoir réussi à tenu le rythme, physiquement et mentalement, sans craquer, malgré les hauts et les bas tout au long de la course. C’était vraiment les montagnes russes, au sens propre comme au sens figuré !

Encore une belle aventure et une super expérience sur ce format 100 miles qui décidément me plaît énormément !

Finisher du Nice by UTMB 100M

Et pour l’anecdote, je fini 1er de la catégorie M0 et j’ai l’honneur de monter sur la boîte !

Podium par catégorie Nice by UTMB 100M
Le super galet en cadeau !
La belle trace !
Et la bière du finisher !

La bière du finisher est bien méritée !

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